Des soldats patrouillaient dans les rues de Bangkok mercredi, au lendemain de violences politiques qui ont fait deux morts et 443 blessés et accru l'instabilité de la Thaïlande.
La police a renforcé la sécurité autour de la résidence du Premier ministre Somchai Wongsawat, beau-frère du dirigeant déchu Thaksin Shinawatra, alors que de petits groupes de militaires, en tenue anti-émeutes mais non armés, étaient déployés autour de bâtiments officiels, y compris près du Parlement, théâtre d'affrontements sanglants mardi.
Le ministère de la Santé a actualisé mercredi le bilan des victimes, faisant état de deux morts --un homme et une femme-- et de 443 blessés, dont huit ont dû être amputés. Vingt policiers figurent parmi les blessés.
Les manifestants antigouvernementaux ont rejeté la responsabilité des violences sur la police qui a fait abondamment usage de gaz lacrymogènes et de grenades fumigènes, souvent en tirs tendus, tandis que les autorités ont accusé des opposants d'avoir utilisé des armes à feu.
"Nos amis ont été tués à cause de la police", a affirmé Anchalee Paireerak, une porte-parole de la coalition appelée "Alliance du peuple pour la démocratie" (PAD) et qui reste déterminée à faire tomber tout gouvernement comprenant des alliés de M. Thaksin, lui-même réfugié en Grande-Bretagne.
Un des leaders de la PAD, Somsak Kosaikuk, a affirmé: "Ce gouvernement n'est pas légitime. Ce sont des tyrans. Ils affirment vouloir la réconciliation nationale mais ils sont responsables du conflit".
La Thaïlande "au bord de l'anarchie", titrait le quotidien Bangkok Post, tandis que, dans un éditorial, The Nation avertissait que le dialogue, et non le recours à la force par les autorités, était "la seule façon d'avancer" et de sortir de "l'impasse" dans laquelle est enfermé le royaume depuis près de trois ans.
La Thaïlande reste profondément divisée entre partisans et adversaires de Thaksin Shinawatra, puissant homme d'affaires de la région de Chiang Mai (nord) qui a été Premier ministre de 2001 à 2006 avant d'être renversé par l'armée à la suite d'accusations de corruption et d'irrespect envers la monarchie.
M. Thaksin a demandé l'asile politique à Londres. Ses lieutenants sont revenus au pouvoir après les législatives de décembre 2007, premières élections depuis le putsch militaire.
Mardi soir, alors que les premiers soldats se déployaient dans les rues de la capitale thaïlandaise, le chef de l'armée, le général Anupong Paojinda, a nié toute velléité de coup d'Etat.
Somchai Wongsawat a été propulsé Premier ministre il y a à peine trois semaines, en remplacement de Samak Sundaravej, contraint de démissionner après avoir été la cible des manifestants de la PAD et d'un jugement défavorable de la Cour constitutionnelle.
M. Somchai a exclu pour l'instant de démissionner ou de convoquer des élections anticipées.
"Nos forces de police ont agi dans le cadre de la loi", a déclaré mercredi le Premier ministre, en cherchant à rassurer la communauté internationale et les investisseurs.
"La Thaïlande est une société résistante et a été capable dans le passé de surmonter des tempêtes politiques avec une grande force", a-t-il affirmé lors d'une rencontre dans la matinée avec 67 ambassadeurs étrangers en poste à Bangkok.
Mais la réunion a dû être écourtée à la suite de rumeurs selon lesquelles des manifestants antigouvernementaux étaient en train de marcher sur le ministère des Affaires étrangères.
